« Vous trouverez en pièces jointes la profession de foi remaniée (…) le support de notre analyse des listes concurrentes et notre plan d’action pour les jours à venir », « nous vous demandons de bien vouloir faire tout le nécessaire pour inscrire vos collègues », « nous vous tiendrons informés en temps réel »... A mon commandement, lisez ! Répétez les arguments ! Inscrivez ! Silence dans les rangs ! Rompez ! Et retournez dans vos composantes, bandes de tire-au-flanc !...
Ça rigole pas, hein ! pour les candidats des listes « Penser l’avenir et agir ensemble » !... Engagez-vous, rengagez-vous, qu’y disaient !... Ah les braves petits soldats !... C’est à des messages comme celui-là qu’on comprend bien pourquoi la liste présidentielle sortante ne s’appelle pas « Penser ensemble » !... Visiblement, ce n’est pas le style de la maison !...
Et savez-vous qui parle ainsi à tous ces troufions de 2e classe ? Le Président ? Luc Hittinger ?... Ah mais non ! Pas du tout ! Vous n’y êtes pas !... Une profession de foi ? des analyses ? un plan d’action ? M’enfin ! i’ s’occupe pas de ça, le Président !... Non, sachez-le bien : chez les penseurs de l’avenir en fusion, le général en chef, c’est Monsieur le directeur !... Le directeur de quoi ? Bah… du cabinet !... Monsieur le directeur de cabinet du président !... M. Guillaume Violet ! Himself !... Dans un mail du 27/01 adressé à sa petite armée à 17h42. Car sachez-le, dans la campagne électorale des listes du président sortant, le penseur, le stratège, l’homme-orchestre, c’est lui... Ah ! Monsieur le Dircab !... En voilà un qui sait parler aux enseignants-chercheurs enrôlés dans la légion de la fusion !... Un vrai directeur de cabinet, hein ! Fonctionnaire dans l’exercice de sa fonction, qui dit « nos listes », « notre analyse » comme un vrai militant, comme un vrai candidat !... Embauché par l’université et payé par l’État !... Voilà ce que c’est la démocratie, dans l’avenir radieux de l’université fusionnée : le dircab fait la campagne de l’enseignant-chercheur-Président et explique à tous les enseignants-chercheurs-candidats tout keski faut dire et faire !... Le mélange des genres ? les deniers de l’état ? le devoir de réserve ? l’esprit d’initiative ?... Vous rigolez ! vous n’allez quand même nous ennuyer avec ces chimères !...
Alors, évidemment, vous allez nous dire : mais c’est injuste ! Vous par exemple, dans ces élections aux conseils centraux, le ministère ne vous a pas fourni un super-dircab à plein temps payé par l’État pour faire votre campagne !... Oui, certes, ce n’est pas très égal... voire pas très légal... Mais nous, en revanche, nous réfléchissons ensemble, nous fixons ensemble des orientations et une stratégie, et ensuite chacun prend sa part dans l’action, de son propre chef, et au service de tous… Du coup, ça libère les énergies !... Ça s’appelle la collégialité, l’exercice de l’esprit critique, la démocratie...
Alors certains vous diront : la collégialité, l’esprit critique, la démocratie, l’initiative… c’est bien joli, mais c’est très encombrant tout ça pour mener ses troupes au pas cadencé, le casque sur le nez, tout droit vers la fusion...
Oui. Bien sûr.